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Gestion du réaménagement écologique de la Gravière d'Osselle-Routelle / étang Morbier

Porteur du projet
Société des Carrières de l’Est – Etablissement Franche-Comté - Groupe COLAS NE
Types d'actions
Préservation / Gestion
Date
2011-01-01
Cadre de l'action
Gestion des espaces naturels
Contexte et objectifs

Les gravières d'Osselle-Routelle correspondent à un complexe de plans d'eau artificiels bordés de prairies et cultures, situé en plaine alluviale du Doubs, en région Bourgogne Franche-Comté et à proximité de Besançon. Le présent retour d'expérience concerne le bassin récemment réaménagé, l’étang Morbier. L'exploitation du gisement alluvionnaire se poursuit actuellement à proximité (avec la création d'un nouveau plan d'eau à terme). 
Ainsi, suite à l’exploitation de l'étang morbier, de 2002 à 2011, une remise en état a été effectuée pour valoriser la diversité avifaunistique constatée sur le site avant l’exploitation et prendre en compte les enjeux identifiés depuis.

Le plan de gestion de 2014 met en évidence 93 espèces d'oiseaux en reproduction pour 210 espèces d'oiseaux contactés sur le complexe des gravières.

Les enjeux ornithologiques se résument ainsi :

  • hivernage et/ou migration des oiseaux d’eau (Canards, Foulques, Grèbes, Cygnes, Limicoles, Laridés, etc.) en automne, hiver et printemps,
  • nidification d’espèces liées à la présence de berges sableuses : Hirondelle de rivage, Guêpier d’Europe, Martin-pêcheur d’Europe,
  • nidification de limicoles au sol sur les berges en pente douce et les abords du site : Petit Gravelot,
  • alimentation et migration pour les ardéidés (hérons de plusieurs espèces), rapaces (Balbuzard), etc.,
  • nidification et migration de passereaux dans la végétation herbacée ou buissonnante.

Après la fin d’exploitation, une convention d'une durée de 1 an a été mise en place avec la LPO Franche-Comté. Elle cadrait la première intervention réalisée en chantier participatif et avec l'intervention de la Société des Carrières de l’Est (débroussaillage et arrachage de saules colonisant les berges du plan d'eau, création d'une placette de galets, entretien d'une falaise sablonneuse sur l'île du plan d'eau). Le partenariat s'est consolidé en 2014, avec une nouvelle étape franchie dans l'engagement d'un travail en commun dans la durée, par l'élaboration du plan de gestion sur 5 années et une convention de partenariat quinquennale en 2016.
Les actions menées depuis 2011 sur ce site ont pour objectif de préserver et maintenir la fonctionnalité écologique des milieux créés, voire créer de nouveaux milieux si l’opportunité existe (augmentation des superficies de milieux humides associés au plan d'eau, création et entretien de milieux pionniers minéraux et falaises ou berges sablonneuses, création de mares, gestion extensive des prairies...). En plus des mesures de gestion, une zone de quiétude a été instaurée sur le site et couvre la période de nidification et d'hivernage des espèces (secteurs sensibles préservés des dérangements de décembre à fin juin).
Un suivi ornithologique et des opérations de gestion (organisation de chantiers éco-citoyens, préfiguration de futurs travaux d'amélioration des berges, encadrement de travaux, élaboration de cahiers des charges pour la gestion extensive des prairies en lien avec les agriculteurs locaux,...)  sont réalisés annuellement depuis 2014. L'approche a également été étendue à l'actuel bassin en exploitation, afin de concilier l'extraction des alluvions et la préservation de la biodiversité et adapter les travaux progressifs de réaménagement aux enjeux locaux.

Description

Les actions suivantes sont envisagées dans le cadre du plan de gestion simplifié :

  • débroussaillage et rajeunissement de falaises à Hirondelle de rivage et  Guêpier d’Europe (suppression des saules et suppression des  premiers centimètres  de sable sur les parois abruptes)
  • création et entretien de placettes minérales dépourvues de végétation, en faveur du Petit Gravelot et du Chevalier Guignette
  • fauche exportatrice tardive des prairies
  • reprofilage de berges en pente douce (augmentation de la superficie de berges située dans la zone de battement de la nappe alluviale et création de zones de hauts-fonds) afin de favoriser une diversité de milieux humides et aquatiques
  • creusement de mares et de gouilles en retrait du plan d'eau.
Bilan

Les suivis permettent d’affirmer que les aménagements proposés ont pour la plupart remplis leur rôle en faveur de la biodiversité.
Actuellement, les gravières (étang Morbier et site en exploitation) abritent la plus importante colonie de Franche-Comté pour les Hirondelles de rivage (20% des effectifs franc-comtois et 70% du département du Doubs en 2017, avec plus de 300 couples). Le Guêpier d'Europe, espèce à affinités méridionales peu commune en Franche-Comté, est en expansion sur le site les dernières années passant de quelques rares couples à une colonie d'environ 60 couples en 2017. Les limicoles nichant au sol sur les zones minérales pionnières sont réguliers (1 à 2 couples de Petit Gravelot/an). 
Les gravières d'Osselle-Routelle correspondent à un site de halte migratoire majeur en Franche-Comté, sur le couloir de migration formé par la vallée du Doubs. En hiver, l'étang Morbier offre le jour une zone de quiétude pour les canards hivernants, qui trouvent des zones de gagnage à proximité, et la nuit, sert de dortoir pour le Harle bièvre.

Un inventaire effectué par le Conservatoire Botanique National de Franche Comté - Observatoire Régional des Invertébrés confirme l’intérêt pour les odonates d’avoir accentué la sinuosité des berges, et d’avoir favorisé la présence d'hélophytes.  

Points forts :

  • suivi existant sur le long terme ;
  • opérations de suivis et gestion écologique envisagées jusqu’en 2019, et potentiellement reconductible ;
  • potentialités fortes pour la poursuite des travaux de génie écologique (reprofilage de berges afin d'augmenter la superficie et diversifier les milieux humides (cariçaies, roselières, herbiers aquatiques,...), entretien des placettes minérales et falaises sablonneuses, limitation de la végétation ligneuse, ...);
  • organisation des usages (zone de quiétude pour la faune en reproduction et en hivernage) ;
  • intérêt des actions pour la pédagogie à l’environnement (chantiers nature, pose de panneaux d'information, suivi ornithologique participatif) et potentiel à développer.

Points faibles :

  • risque de sur-fréquentation et de dérangement (engins motorisés sur les abords et  embarcations en période sensible sur le plan d'eau, activités de loisirs)
  • pas réellement de mesure de notre action sur les espèces aquatiques
  • Présence de plusieurs espèces invasives
  • Remise en cause des actions par des projets liés au développement du tourisme (risque de dégradation de la quiétude en cas d'intégration insuffisante des enjeux écologiques)