Introduction
Le Génie Écologique et l’Ingénierie Écologique font l’objet de recherches portant sur les outils et méthodes qu’ils mettent en œuvre, sur l’évaluation de l’état de conservation des milieux concernés et donc des actions menées ou sur les processus décisionnels qu’ils impliquent. Plus globalement la recherche en écologie ou dans des domaines associés, par l’amélioration de la connaissance des écosystèmes et de leur fonctionnement contribue à leur développement.
Les équipes et chercheurs concernés sont nombreux et relèvent de diverses disciplines, l’écologie bien sûr mais aussi, entre autres, la sédimentologie, la géomorphologie, l’hydrologie, ainsi que la sociologie, l’économie et les sciences politiques par la prise en compte indispensable des acteurs concernés.
Si certains sont regroupés dans les grands organismes de recherches cités ci-dessous et qui jouent un rôle fondamental dans le domaine, d’autres appartiennent à des laboratoires plus ou moins spécialisés au sein d’autres organismes (Universités, écoles, instituts, MNHN,…) répartis sur l’ensemble du territoire. S’il n’existe à ce jour ni « annuaire » ni organisme fédérateur, certains réseaux tels que REVER, GAIÉ ou l’AgéBio mais aussi la SFÉ2 et leurs outils de diffusion peuvent aider à les identifier.
Des ouvrages majeurs
- Manifeste Une ambition pour la recherche en écologie de la restauration, mai 2011
- Nature Sciences et Société, Bilan et enjeux du programme interdisciplinaire Ingeco du CNRS (2007-2011) : un tournant pour l’ingénierie écologique en France ?, Luc Abbadie, octobre 2015
- Revue Espaces Naturels, Des mots pour le dire "Génie écologique", janvier 2014
- Regard 44, L'ingénierie écologique nouvel oxymore ou nouveau paradigme écologique ?, Thierry Dutoit, avril 2013
- Édition Quae, L'ingénierie écologique. Action par et/ou pour le vivant ?, Freddy Rey, Frédéric Gosselin, Antoine Doré, mars 2014
Des équipes de recherche
L'Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture (IRSTEA) est centré sur une recherche scientifique ayant l'objectif de produire des solutions concrètes au bénéfice de la décision publique et débouchant sur l'action (ou "recherche finalisée").
L'IRSTEA compte parmi ses domaines de recherche l'ingénierie écologique.
Un numéro spécial de la revue Sciences Eaux et Territoires, ainsi qu'un dossier web, y ont été consacrés.
"Et si les écosystèmes avaient voix au chapitre dans les projets de développement des territoires ? Et s'ils devenaient de précieux alliés de l'homme pour réparer, dépolluer les milieux dégradés, prévenir les risques naturels etc.? C'est ce que défendent les promoteurs de l'ingénierie écologique, un concept né dans les années 60 aux Etats-Unis, aujourd'hui en plein essor dans de nombreux pays et en particulier en France. Son principe ? Utiliser le vivant, animal et végétal, pour gérer, restaurer, créer ou préserver les écosystèmes de manière efficace et économique, tout en respectant l'environnement."
Une équipe spécifique Protection, Ingénierie écologique, Restauration (PIER), basée à Grenoble, traite cette thématique.
Les travaux de recherches de l'équipe PIER sont la gestion durable de la prévention des risques naturels générés par les aléas mouvements gravitaires (chutes de pierre, glissements de terrain, avalanches) et l'aléa érosion, pour lesquels la végétation et sa gestion adaptée sont en mesure d’offrir une mitigation efficace et durable. L'objectif principal est l’appui aux politiques de prévention des risques dans le contexte des changements globaux, afin d'assurer la durabilité des systèmes et des territoires. Un des enjeux scientifiques est de mobiliser les connaissances acquises afin de modéliser les risques actuels et futurs, notamment à l’échelle territoriale. Leurs recherches sont portées par la demande sociétale d’amélioration de la prévention des risques naturels par une meilleure prise en compte des fonctions offertes par les écosystèmes terrestres dans les stratégies d'aménagement durable des territoires.
L'INstitut Écologie et Environnement (INEE) est l'un des 10 instituts du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il a pour mission de promouvoir et d’animer une recherche fondamentale d’excellence en écologie globale menée par un réseau d’unités de recherche dans les domaines de l’écologie et de l’environnement, incluant la biodiversité et les interactions Hommes-milieux.
L'INEE consacre quelques pages de son site internet à l'Ingénierie écologique.
Il définit l'ingénierie écolologique comme l’utilisation des concepts de la science écologique à la gestion de l’environnement. Elle regroupe les connaissances applicables à la gestion des écosystèmes et des ressources, mais elle implique aussi la conception d’équipements inspirés des mécanismes qui gouvernent les systèmes écologiques. C’est donc une ingénierie centrée sur le vivant envisagé comme moyen (dépollution des sols, de l’eau, etc.) ou comme objectif (réhabilitation ou restauration d’écosystèmes).
L'Institut national de la recherche agronomique est le premier institut de recherche agronomique en Europe, deuxième en sciences agricoles dans le monde, l'Inra mène des recherches au service d'enjeux de société majeurs. L’écologie de la restauration y est portée par le département Écologie des Forêts, Prairies et milieux Aquatiques : EFPA est l'un des 13 départements de recherche de l'INRA et dont les objectifs sont de gérer durablement, conserver et restaurer les écosystèmes forestiers, prairiaux et aquatiques, ainsi que les ressources physiques et biologiques qui en dépendent et les productions de biens et de services qui y sont associées.
Concernant l’écologie de la restauration et l’ingénierie écologique les unités BIOGECO de Bordeaux et ESE de Rennes pilotent des programmes scientifiques dédiés, notamment autour des écosystèmes humides et rivulaires. Les approches expérimentales et empiriques sont réalisées sur des modèles de communautés végétales, et dans des démarches proches de la demande sociétale (continuité écologique –TVB-, restauration de zones humides, de petits fleuves côtiers, de têtes de bassin versant, etc.). Des approches au sein d’autres unités étudient la restauration des sols, forestiers ou dégradés ou pollués, leur stabilité, la phytoremédiation, la restauration des ressources génétiques,... Des équipes travaillent aussi sur les interfaces et le gradient rural-urbain, l’écologie urbaine, au sein du département EFPA (BIOGECO) et du département SAD, Sciences pour l’action et le développement : recherches centrées sur l'innovation dans les territoires ruraux, péri-urbains et urbains, ex. unité BAGAP (Rennes & Angers).
Un programme de recherche interdisciplinaire : IngEco
En 2007, le CNRS, en partenariat avec l’Irstea, a initié le grand programme interdisciplinaire de recherche IngEco, piloté par l’Inee (Institut écologie et environnement du CNRS). L’objectif était de « repérer et de structurer une communauté scientifique capable d’anticiper sur une nouvelle demande forte de recherche » en matière d’ingénierie écologique. Plusieurs appels d’offres ont ainsi été lancés, qui ont abouti au financement de 80 projets, mais aussi de trois réseaux de professionnels : Gaié (Groupe d’application de l’ingénierie des écosystèmes), REVER (Réseau d’échanges et de valorisation en écologie de la restauration), AgéBio (Association française de génie biologique pour le contrôle de l’érosion des sols). « Le programme s’est arrêté en 2011, mais les chantiers se poursuivent, et les réseaux fonctionnent toujours et sont désormais autonomes », informe Luc Abbadie. Un succès donc.
Retrouvez les projets des lauréats de l'appel à projet : 2008 et 2007.